L’amour fou de Dieu – 23

23 – Le souvenir impérissable d’une femme

On raconte dans l’Évangile de Marc une histoire si belle qu’elle charme tous ceux qui veulent bien l’écouter. Comme une perle précieuse qu’on exposerait sur un banal plateau d’argile, elle s’insère entre deux histoires les plus sordides jamais rapportées, tout comme la croix de Jésus fut entre les deux larrons.

Le premier de ces trois récits nous parle des prêtres et des scribes qui avaient décidé de mettre à mort Jésus (Marc 14:1-2). Le troisième raconte l’action étonnamment honteuse d’un de ses disciples, Juda Iscariot, qui se vendit afin de trahir Jésus et de le livrer à la mort (Marc 14:10-11). Et entre ces deux événements, Marc décrit l’histoire sublime d’une femme dont le souvenir restera à jamais gravé dans notre mémoire (Marc 14:3-9).

Aucune autre femme n’a accompli une telle action. Jésus en a même prédit un mémorial spécial qui sera raconté « partout où la bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier » (Marc 14:9). Il s’agit donc d’une partie essentielle de « l’Évangile éternel » (Apocalypse 14:6) qui doit être proclamé.

Les quatre évangélistes rapportent l’incident, mais avec chacun ses propres observations. En lisant ces récits, nous constatons que le compte-rendu global émerge comme une ancienne mosaïque brillamment teintée que l’on viendrait d’extraire d’un site de fouilles archéologiques.
– L’Évangile selon Matthieu 26:6-13
– L’Évangile selon Marc 14:3-9
– L’Évangile selon Luc 7:36-50
– L’Évangile selon Jean 12:1-8

UNE ACTION DÉRAISONNABLE

1 – Quelle offrande cette femme apporta-t-elle à Jésus ?

2 – Quelle valeur monétaire avait cette offrande ?

Une pièce d’un denier équivalait au salaire d’une journée de travail (Matthieu 20:2). On peut donc estimer la valeur du flacon de parfum à une année de salaire !

3 – Comment Jésus loua-t-il cette femme ?

Cette bonne action a quelque chose de particulier et même d’extraordinaire. Cette action remarquable est si éclatante que l’on racontera cette histoire, là où l’on annoncera la bonne nouvelle de l’Évangile (Marc 14:9). Essayons de découvrir pourquoi.

4 – Comment a été reçue cette bonne action ?

5 – Qui étaient ces personnes indignées ?

6 – Quel disciple en particulier était à la source de cette indignation ?

Judas a réussi à convaincre les autres disciples qu’il avait raison de réprimander cette femme. Tous manquaient vraiment de discernement spirituel. Ils ne se doutaient nullement de la méchanceté de Judas ni de la bonté de cette femme ! Malheureusement, aujourd’hui encore, nous avons le même aveuglement spirituel.

7- Qui était cette femme qui oignit Jésus d’un parfum de grand prix ?

Cette femme répandant le parfum dans Matthieu 26:7, Marc 14:3 et Luc 7:37-38, doit être la même personne que l’évangéliste Jean appelle « Marie ».

8 – Cette femme avait-elle un passé honteux qui la suivait ?

Il y a beaucoup de femmes dénommées « Marie » dans la bible. Mais, une seule est qualifiée de pécheresse, c’est Marie de Magdala (Luc 8:2) que l’on surnommait Madeleine. Elle était la soeur de Marthe et de Lazare, celui que Jésus avait ressuscité (Jean 11:1-2).

Marie se croyait damnée par Dieu et n’avait aucun espoir de la vie éternelle. Jésus avait beaucoup de compassion pour les personnes rejetées par la société et il les accueillait avec miséricorde (Luc 15:1-2 ; Matthieu 21:31).

Avec une grande délicatesse, Luc nous donne une autre facette de l’histoire de cette femme qui a perdu sa dignité. En lisant le texte de Luc 7:37-50, nous pouvons en déduire que Simon était pharisien, qu’il connaissait bien Marie et qu’il cachait un péché beaucoup plus grave dont Jésus voulait qu’il reconnaisse. En laissant entendre qu’il était un pécheur dix fois pire qu’elle (Luc 7:40-41), Jésus insinuait que Simon avait été le premier à la séduire et à abuser d’elle, ce qui ruina la vie de cette femme.

Il n’est pas rare qu’une jeune femme issue d’un milieu privilégié soit victime d’abus sexuels perpétrés par un membre du clergé. Cette épreuve peut la laisser profondément traumatisée sur le plan psychologique. Se sentant ainsi souillée, Marie s’éloigna de son village natal pour se réfugier dans la ville de Magdala. Désespérée, elle s’enfonça dans l’abîme du découragement. Les démons se pressèrent autour d’elle pour se saisir de son coeur et de son esprit, ce qui arrive à tout être humain qui a perdu espoir.

LA RENCONTRE AVEC JÉSUS

9 – Lorsque Jésus priait pour qu’une personne soit délivrée de l’étreinte de Satan, comment procédait-il ?

10 – Comment Jésus a-t-il réagi envers cette femme perdue, plongée dans la culpabilité, la débauche et le désespoir?

Pas seulement une, ni même deux, mais à sept reprises, Jésus a ouvert son âme en prière pour cette misérable épave humaine. Nous ne pouvons pas l’affirmer avec certitude, mais la connaissance de l’être humain et de sa nature nous amène à croire que le septième démon qui fut finalement chassé était le ressentiment profond qu’elle entretenait contre cet homme, Simon le pharisien, qui l’avait souillée et avait ruiné sa vie.

Une personne ayant souffert d’inceste démontrera naturellement un profond ressentiment contre la personne qui a abusé d’elle, une attitude souvent inconsciente.

Quand Marie a compris que Jésus avait pardonné à Simon, elle en fut profondément affectée. Le pardon démontré envers ceux qui nous ont profondément blessés, nous fait comprendre la grandeur de l’amour de Dieu en notre faveur.

Lorsque la dernière racine de haine fut finalement arrachée de son coeur, la délivrance de Marie fut complète. Beaucoup d’individus ont des cicatrices cachées de ressentiment qui ne peuvent être guéries que par la voix de Jésus, s’élevant avec de grands cris et des larmes.

Maintenant que Marie savait que son coeur était finalement guéri, elle tenait à exprimer sa reconnaissance d’une façon remarquable.

MARIE AVAIT FOI EN JÉSUS

Marie avait entendu Jésus parler du sujet de sa mort à l’approche de la ville de Jérusalem. Un sujet que les Douze étaient trop indolents pour comprendre (Luc 18:31-34).

11 – Quelle idée brillante permit à Marie d’exprimer sa gratitude envers Jésus ?

12- Comment Marie a-t-elle oint Jésus ?

Marie oignit aussi les pieds de Jésus de ce parfum de grand prix (Luc 7:38 ; Jean 12:3).

13 – Qu’a utilisé Marie en guise de linge pour essuyer les pieds de Jésus ?

Aucun parfum bon marché n’était acceptable pour Marie. Ce n’était pas une onction destinée à un paysan ou même à un noble; elle convenait à un empereur. Pensez-y : 300 pièces d’argent, le salaire d’une année ! Peu importe, rien n’était trop beau pour celui qui avait sauvé son âme de l’enfer.

Marie eut vent du dîner offert par Simon et conçut alors un plan ingénieux. Si elle attendait que Jésus meure, il ne pourrait pas savoir à quel point elle lui était reconnaissante. Pourquoi ne pas lui donner l’onction maintenant, pendant qu’il était encore en vie ? Le nom de Marie n’apparaissait pas sur la liste des invités de Simon, mais elle s’y rendrait sans invitation et répandrait là son parfum. Elle ne comprenait pas toute la profonde signification de son geste ni l’effet que cela aurait eu sur le coeur de Jésus.

Une fois là, Marie brisa nerveusement le vase d’albâtre renfermant le parfum de grand prix et elle en répandit le contenu sur la tête de Jésus, le laissant couler sur ses pieds et se gaspiller sur le sol. Toutes les conversations cessèrent alors que l’odeur du parfum se mit à remplir la pièce et que chacun tentait de savoir d’où cela venait.

Une fontaine d’amour sous pression venait de s’ouvrir soudainement dans le coeur de Marie et elle n’y était pas préparée. Cette femme pécheresse tomba à genoux aux pieds du Seigneur. De chaudes larmes inondèrent les pieds de Jésus qu’elle essayait d’assécher maladroitement de ses longs cheveux détachés. C’était l’oeuvre la plus sublime jamais accomplie par un pécheur repentant.

14 – Qu’a vu Jésus dans le geste de gratitude de Marie ?

Dans le geste de gratitude de Marie, Jésus a vu quelque chose que les disciples étaient trop aveugles pour apprécier :

1) Il a vu dans le vase d’albâtre un emblème de son corps qui serait bientôt brisé pour nous.

2) Dans le précieux parfum qui coulait sur le sol, il a vu le don de son sang, suffisant pour sauver les milliards de pécheurs de la terre, tandis que seulement une minorité l’apprécierait.

3) Dans le mobile totalement désintéressé qui poussa Marie à cette action, il a vu un reflet de son propre mobile d’amour démontré en venant mourir pour nous. Marie a fait son geste sans penser à une récompense ni avec le moindre désir de louange. Son seul désir était de l’honorer, de lui exprimer sa gratitude pour la délivrance qu’elle avait expérimentée. De la même manière, Jésus nous a rachetés sans désir de récompense. « Il s’est livré lui-même à la mort », l’équivalent de la « seconde mort », en sacrifice pour nous (Ésaïe 53:12 ; Hébreux 2:9).

4) Dans le sacrifice de Marie démontré en achetant le parfum le plus coûteux possible et en dépensant probablement toutes ses économies pour se le procurer, Jésus a vu une image du don infini auquel il consentirait pour nous. Il s’est réjoui de ce qu’un être humain ait commencé à apprécier la grandeur de son amour pour nous.

5) Ce qui a particulièrement touché son coeur, c’est cette extravagance outrancière lorsqu’elle brisa nerveusement son vase d’albâtre et en versa tout le contenu, arrosant même ses pieds. Une action normale ne nécessitait que quelques gouttes sur la tête. Mais le flot de reconnaissance ne pouvait être contenu dans les limites d’une dévotion ordinaire et mesurée. De même, Jésus déversa un véritable torrent d’amour en sacrifice, alors qu’une seule coupe aurait suffi à gagner les coeurs humains. Mais, il fallait que l’offrande soit extravagante, car l’Agapé ne peut donner moins. Il devait se sacrifier lui-même pour un monde qui n’a pas su l’apprécier.

15 – A qui Jésus est-il apparu le premier après sa résurrection ?

Il est étonnant de constater que Jésus a choisi cette femme, dont personne n’avait de considération, pour annoncer aux apôtres la bonne nouvelle de sa résurrection (Jean 20:16-18). Encore plus étonnant qu’en ce temps là, la parole d’une femme n’avait pas beaucoup de valeur. Ceci n’est pas un adon, car Marie était la seule qui avait cette foi parfaite qui croit dans les paroles de Jésus (Romains 10:17). Les apôtres ont pris du temps avant d’atteindre cette maturité spirituelle de foi (Marc 16:10-14).

AURIONS-NOUS ÉTÉ D’ACCORD AVEC JUDAS ISCARIOT ?

16 – Quel but apparemment noble Judas a-t-il donné pour justifier son indignation devant Marie ?

17 – L’argent aurait-il atteint les pauvres ?

18 – Les autres disciples savaient-ils que Judas était voleur ?

Le raisonnement de Judas semble logique et en harmonie avec les rappels fréquents de Jésus de nourrir et de vêtir les pauvres. Nous nous serions probablement joints par solidarité aux autres par un « amen » retentissant en faveur de l’indignation raisonnable et apparemment juste de Judas. Comme ils étaient aveugles et endurcis en présence de l’Amour infini et d’une si belle réponse humaine à cet Amour.

Souffrons-nous du même aveuglement et d’un coeur aussi endurci ? Le plus gros problème de Dieu n’est pas tant avec les publicains et les prostituées de notre époque, mais plutôt avec les gens dits « religieux » qui ne peuvent pas apprécier l’« Agapé » quand ils en voient la manifestation. La condition spirituelle de Laodicée (Apocalypse 3:17) ressemble à celle des apôtres qui, aveugles, furent trompés par Judas. Combien souvent les soi-disant disciples de Jésus manquent de ce « collyre » (Apocalypse 3:18) et ne manifestent pas plus de discernement que les disciples à quelques jours seulement du Calvaire ! Et on les ordonne pasteurs, apôtres et leaders de l’Église !

L’AMOUR DE JÉSUS POUR SIMON

19 – Quelle maladie avait frappé Simon le pharisien ?

20 – Quel jugement Simon porta-t-il sur Jésus ?

Puisque Simon était l’hôte de Jésus, il est évident qu’il faisait partie des lépreux que Jésus avait guéris (Matthieu 8:2). C’était sa façon orgueilleuse et pharisaïque de dire « Merci ». Il voulait en quelque sorte éponger la dette de sa guérison. Mais quand il vit Jésus accepter l’offrande de Marie, il se félicita de ne pas s’être trop avancé à le confesser ouvertement comme le Messie. Le démon d’orgueil qui dominait Simon était plus difficile à chasser que les sept démons qui avaient tourmenté Marie.

21 – Avec quel tact, Jésus révéla-t-il à Simon sa véritable condition spirituelle ?

Jésus désirait faire comprendre à Simon qu’il était celui qui devait cinq cents deniers, comparativement à cinquante pour Marie.

22 – Quel rapport y a-t-il entre le pardon et l’amour ?

La reconnaissance de Marie dans le pardon de ses péchés s’exprimait par un acte débordant d’amour. Simon n’était pas conscient de ses propres péchés (Apocalypse 3:17), c’est pour cela qu’il avait témoigné moins d’expression d’amour envers Jésus. Reconnaître notre condition pécheresse est une étape préliminaire indispensable à la repentance. Et, sans la repentance, le pardon est inutile.

23 – Qu’avait Marie de plus que Simon ?

La foi que possédait Marie était d’une grande qualité spirituelle. Elle avait saisi l’infinie grandeur de la miséricorde de Jésus pour la race humaine et elle l’exprimait dans une appréciation du coeur par des gestes démesurés d’amour.

Puissions-nous tous avoir cette foi d’amour, comme l’a exprimé l’apôtre Paul dans son épître aux Éphésiens 3:16-21 :

« Je lui demande qu’il vous accorde, à la mesure de ses glorieuses richesses, d’être fortifiés avec puissance par son Esprit dans votre être intérieur.
Que le Christ habite dans votre coeur par la foi. Enracinés et solidement fondés dans l’amour, vous serez ainsi à même de comprendre, avec tous ceux qui appartiennent à Dieu, combien l’amour du Christ est large, long, élevé et profond. Oui, vous serez à même de connaître cet amour qui surpasse tout ce qu’on peut en connaître, et vous serez ainsi remplis de toute la plénitude de Dieu.
À celui qui, par la puissance qui agit en nous, peut réaliser infiniment au-delà de ce que nous demandons ou même pensons, à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus-Christ pour toutes les générations et pour l’éternité.
Amen !
»
(SEM)

COMMENTAIRE